Jeudi
7 nov. – 19h30
VERNISSAGE
PORTRAITS
DE MUSICIENS

PHOTOGRAPHIES
D’ANDIE WELSKOP
Avec
le concours de Konrad Bogen, Hanssi Wesker et Léa Platini (à
confirmer)
Un
événement JSV
Toutes
prises au Non-Lieu lors de concerts, les
photos Noir et blanc d’Andréas Welskop photographe portraitiste de
renommée
internationale font merveille en
capturant les émotions des musiciens live.
Tel
qu’il le dit : « Mon ami Alan Bern m'a
rendu visite chez moi à Cotignac et m'a invité à un atelier et à un
concert
solo au Non Lieu. A partir de là, lors du Jazz sur Ville et de deux
autres
concerts au Non Lieu, ces images et quelques instants atmosphériques de
Marseille ont été créés. J'ai photographié quatre artistes au Non Lieu
en 2018
et 19 »
Le vernissage est accompagn é d'une installation sonore
et visuelle réalisée par le pianiste de jazz Konrad Bogen
Andie
Welskop et
le non lieu
Nous
sommes aujourd’hui le 7 novembre, je suis ici à Marseille comme dans un
rêve.
Parce
que je suis ici au Non Lieu, et je savoure ce moment, alors que je
devrais être
chez moi pour le jour du 9 novembre, anniversaire de la Révolution de
la Paix.
Il
y a 30 foutues années, si longtemps, que le mur est tombé, j’avais 24
ans.
J’ai
rompu avec toutes les instances de l’ancienne RDA à l’été 1989 car je
savais
que quelque chose de marquant allait changer notre vie à nous les
allemands de
l’Est, celle du monde entier et surtout celle de l’Europe, tel que çà
se
présentait.
J’ai
commencé à travailler au noir comme manager de musique, je mettais des
artistes
en contact, et c’est quelques mois plus tard qu’il est tombé, ce mur de
3 à 4
mètres de haut, comme çà, facilement. Les gens sortaient dans la rue et
regardaient çà.
Mais
moi je ne croyais pas à la paix, la réunification c’était une
affiliation, une
adoption peut être, mais pas une réunification, car tout se déroulait
selon les
règles de l’Ouest.
On
sait aujourd’hui que c’est la perte d’identité, la rupture et le saut
dans
l’incroyable pour tant et tant de petites gens (car la RDA ne se
composait pas
que de mouchards de la STASI et de cadres du Parti) qui a conduit au
phénomène
de l’ AfD.(*Alternative fûr Deutscland parti de droite, nationaliste et
anti
euro apparu en 2013).
Bien
sûr il y a à cela beaucoup de raisons et beaucoup de motifs, mais ce
courant
populiste est né de la manière dont a été conduite la réunification, de
la
dégradation et de la dépréciation de la vie de tous ces gens.
En
ce qui me concerne, cela n’a pas ou que peu influé sur mon parcours.
J’ai
trouvé mon chemin autrement. J’avais rompu très tôt avec le système, et
j’en
avais tiré les conséquences. Même si ne peux pas me considérer comme un
révolutionnaire ou un opposant courageux au système politique de la
RDA, mon
opposition a été d’une autre nature.
J’ai
cherché mon chemin, mon talent et mes aptitudes, comme beaucoup
d’autres, à
travers les artistes que j’ai rencontrés, développés pendant 30 ans,
les
projets que j’ai construits et nourris (...)
« L’Emporwerment » a été
ma ligne directrice.
Créer
des espaces et des opportunités ou rester disponible.
J’ai
tout de suite senti ce jour là, celui du changement, de la chute du
mur, qu’il
y avait quelque chose qui n’allait pas.
Les
10 et 11 novembre, les berlinois de l’Est ont foncé par milliers à
Berlin Ouest
avec leurs Trabant (*véhicule populaire mythique de la RDA).
Au
premier abord çà avait l’air fantastique. L’image de la grande
réunification
des coeurs. C’était génial. Mais ce qui se passait vraiment c’est que
ceux de
l’Ouest fourraient des bananes dans les voitures de ceux de l’Est, il y
avait
partout du Nescafé ou du Jacobs Krönung (*fameuse marque de café ouest
allemand),
ce simplisme des cadeaux était déjà effrayant, mais aussi ce déluge de
matérialité, dans tout çà où était le coeur ?
Bientôt
c’est le tout qui changea, il y eut les premières querelles dans les
familles,
par effraction et possession, les riches voulaient plus. Les trusts
industriels
noyèrent nos boutiques de leurs produits, et même quand on le voulait,
on ne
trouvait pratiquement plus de produits alimentaires de chez nous, de
l’Est.
Puis
vinrent les fonctionnaires, ce fut la vague suivante(...)
Très
vite, tous les postes imaginables dans l’administration et la politique
ont été
plus ou moins occupés par des employés au mieux de seconde mais plutôt
de 3ème
classe (...)
Ce
fut une catastrophe.
Je
ne suis pas un savant, je ne peux pas accumuler les preuves, en dehors
de ma
propre existence, de mes sensations, de mes expériences et de mon
intuition, et
bien sûr il en est de même également dans mes photographies.
Je
ne comprends pas ce que je tiens dans les mains mais je sais que je
vois
quelque chose, devant quoi passent les autres.
Je
ne travaille pas de manière académique, je photographie exactement ce
que je
vois comme je le vois et c’est ainsi que je veux le restituer, par
exemple dans
cette exposition.
Et
voilà que le 7 novembre au Non lieu nous serons 30 ans après la chute
du mur
entre l’Est et l’Ouest!
Entre
toutes les choses que je critique du pouvoir capitaliste, non en tant
que
politique ou idéologue mais en tant qu’homme, c’est encore et toujours
comme un
rêve auquel enfant ou adolescent je n’aurais jamais douté, c’est d’être
là,
dans cette Europe tout à la fois déchirée et unie, en France.
Et
je me sens européen, car les allemands ont du mal avec leur passé et
avec des
mots comme fierté ou patrie.
C’est
encore vrai aujourd’hui pour la majorité de ceux que je connais.
Je
ne suis pas responsable du passé mais je ne peux pas en être fier ! Et
c’est
aussi bien comme çà.
Vous
français je vous envie pour ce cadeau. Mais j’ai fait ce rêve pendant
30 ans et
le mur est tombé.
Et
je suis fier d’être ici en ce jour du jubilé, fier de le fêter et de le
partager avec vous.
7
novembre, 2 jours avant la révolution de la Paix en Allemagne.
Si
je devais écrire quelque chose pour illustrer çà, quoi ? ?
Le
Non Lieu.
La
ville dans un flot d’air chaud, il s’en exhale une vie particulière,
même en
novembre ou février. Çà pourrait être la vie, une illusion. ça pourrait
être le
vent du Sahara, ça pourrait être le léger bouillonnement à peine
perceptible,
juste SISMOGRAPHIQUE de cette ville, celui d’un pouls qui oscille entre
la
placidité méditerranéenne et la collision des ethnies, le tapage et le
gémissement d’une société divisée, l’opulente fierté de la pauvreté et
la
passion artistique réunies.
Personne
ne le sait. Je ne le sais pas. La chaleur émane des rues, crie
l’épuisement,
tout se mélange, l’air vibre et les scooters klaxonnent avec véhémence,
Mais
alors, si tu t’assois quelque part pour prendre un café, ou si tu
entends de la
musique, ou si tu regardes en bas les rues dans la lumière des
réverbères, tout
se change en une singulière machine à fabriquer le laissez aller du Sud.
Ils
rient, ils sourient, et même lorsqu’ils ne le font pas, ils sont quand
même là
et ne font rien.
Là
d’où je viens on ne rit pas, on s’assoit et on regarde toujours encore
tendu
Mais
voilà qu’entre la rue de la Palud et la rue du Conservatoire je sens
vibrer un
scintillement qui doit être fait d’air chaud et d’énergie, ici les gens
et les
pierres s’allongent dans le flot du temps, cela me semble ainsi,
Peut-être
depuis peu à la maison, à l’écart du quotidien, parce que çà, c’est le
quotidien de l’écoulement de l’air.
C’est
çà le Non Lieu, là où ils veulent tous aller, hors du stress qui dévore
tout et
du monstre qui excite tout. Avoir le temps, si possible pas de lieu, et
la
musique sonne, la musique est Non Lieu !
Andie
Welskop
(Traduction
Martine Ros)
Entrée
libre + adh. ¨Rens.: 06 82 58 22
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